Demain dès l’aube
La plupart des
jeunes d’aujourd’hui passent leur temps à chercher à fortiori une source de distraction.
Au moment même où je vous écris ce texte, trois jeunes garçons dont l’âge
oscille entre 17et 19 ans peut-être, tuent le temps sur l’une des applications
interactives. En fumant et sirotant du café noir probablement source primaire
de leur forte excitation, les trois mousquetaires, draguent, baratinent et
jettent en l’air leurs phrases favorites de séduction. « Montre nous
ton très joli corps, pourquoi pas même ta jolie poitrine » voici les
dires de ces derniers qui soupçonnent l’intelligence des femmes et choisissent avec
la manière du self-service leur menu féminin affiché sur la silhouette des
femmes. D’un point de vue oratoire, ces trois vilains s’en sortent très bien quant
aux femmes qui cherchent une validation fictive et à distance. Au second plan
de ce fléau que je nomme la perversité sans bornes, il y a des jeunes filles
dont l’avenir éthique est brumeux, se mêlent à choisir l’heureux élu qui va
scander des poèmes érotiques, leur proposer un rencard un de ces quatre et paiera
peut-être le prix d’une galette pour chaque photo reçue. Voici le grand spectacle
d’une société moderne dans laquelle l’homme est certainement désespéré, la
femme encore plus, et qui représente le schéma mitoyen de deux êtres qui jadis,
formaient une famille sauf qu’aujourd’hui, les deux sont atteints d’une famine
et disette intellectuelle. « Celui qui veut vivre en bonne et due forme,
doit tout d’abord apprendre à mourir à bon escient », ce dicton
antique nous montre à quel point une vie heureuse nécessite du courage et une
fervente expérimentation de la pensée humaine. Par le truchement d’une
lassitude et oisiveté existentielle dont font preuve ces jeunes d’aujourd’hui,
la vie leur fermera ses portes, deviendra sans doute macabre et leur espoir de
la vivre amplement finira de facto par disparaître. Pour parler de l’évolution
du monde post-moderne, la plupart des intellectuels font allusion à un
comparatisme farfelu à mon goût en l’occurrence celui du Moyen-Age. Personnellement,
je trouve que c’est une comparaison anodine qui retrace l’esprit évolutif de l’homme
sans pour autant creuser dans l’épine dorsale du problème. De surcroît, le discours
politique focalise son attention sur la jeunesse en capitalisant la plupart des
richesses sur l’élan juvénile ; un élan distrait, hyper connecté et
facilement manipulé. En arrivant à la chute de ce texte, les dits mousquetaires
se sont calmés après moultes tentatives, leur excitation s’est éclipsée, ils
sont devenus tristes parce qu’ils ont simplement échoué et ils se sont dits en
catimini pourquoi pas réessayer demain dès l’aube.
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